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Le regard et la plume de Marc Fayet

Vive la guerre !


Il y a toujours au fond de chaque être humain ce fond belliqueux et cette part de perversité qui l'animent lorsqu'il sent l'imminence d'un conflit inévitable. L'occasion était royale ce dimanche d'aiguiser notre appétit et alimenter nos bas instincts, car il y avait promesse d'une belle tuerie, c'était à la Polynormande. Si tous les coureurs Normands rêvent d'y briller, il y en a d'autres qui décuplent d'énergie pour les empêcher d'y parvenir, comme par une forme d'atavisme inconscient, il s'agit bien évidemment des Bretons. Inutile de revenir sur l'éternelle querelle des deux régions et leurs revendications qui se cristallisent de façon un peu trop caricaturale sur l'appartenance du Mont Saint-Michel


On l'a à peine regardé ce dimanche le Mont, nous l'avons laissé aux touristes et nous nous sommes préoccupés plutôt de l'opposition cycliste qui n'est pas la moins négligeable, tant il existe une armée de champions Bretons au moins aussi fournie que de champions Normands dont Anquetil et Hinault demeurent les icônes absolues avec leurs 5 tours de France chacun. Ce 15 août on se frottait les mains car nous comprimes bien vite que ça allait être saignant. Le premier fait d'armes pour en apporter la preuve eut lieu dès la constitution de l'échappée, une quarantaine de minutes seulement après le départ, en découvrant le nom de deux d'entre eux, qui sans surprise étaient un Breton et un Normand. Parce que c'était inévitable ! Prévisible ! Parce que la guerre était déclarée, parce qu'il n'était pas question qu'un Normand laisse gagner un Breton et qu'il était inenvisageable qu'un Breton se laisse dépasser par un Normand. On devine ces choses-là, elles sont dans le regard et la détermination, même si les deux jeunes hommes concernés passent parmi les plus sympathiques et les plus avenants du peloton Français. Benoit toujours le sourire, toujours la petite pointe d'humour, Valentin un peu moins démonstratif mais le visage lisse, la parole toujours mesurée, les propos toujours clairs. En somme des coureurs qu'on peut qualifier habituellement de bien élevés, bien éduqués, bien entrainés et toujours aimables. Mais pas ce dimanche ! pas cette fois ! S'il y a un jour, un seul où ces deux coureurs étaient prêts à mourir sur le vélo, c'était celui-ci. S'il y a une opposition où ils étaient en droit d'exécuter l'adversaire, c'est celui-ci quelque part entre Avranches et Saint Martin de Landelles.

Ainsi donc, flanqués d'une petite armada dépareillée, sorte de figurants qui ne servirait qu'à les escorter jusqu'au duel final, comme pour être des témoins privilégiés de cette bataille, voici que les deux adversaires avalaient les kilomètres sans discernement, ne se préoccupant nullement de la meute à leur trousse qui s'amincissait inexorablement et sans pitié, tandis que leur petite escorte se réduisait inéluctablement, passant de 11 puis à 10, à 8, à 6 et finalement à 3. Il ne restait dans les quatre ou cinq mille mètres que les deux duellistes avec leur témoin, le toulousain Perez, qui devait savoir d'emblée que cette situation privilégiée ne lui réserverait immanquablement qu'une place de trois (En espérant qu'il fut mis au courant s'il ignorait cet antagonisme viscéral) ce qui est en soi un exploit tant les deux adversaires ont usé, rincé, écrasé, dégoûté l'ensemble des engagés du jour, eux les enragés de la journée. Mais dans cette bataille d'honneur, il fallait un vainqueur, il fallait aussi que l'histoire puisse trouver là matière à rebondissements futurs, un moyen de fournir à l'avenir nouveau motif à querelle, cette lutte bienfaisante qui exaspère et qui enflamme à la fois, qui donne à nos penchants cruels de beaux exploits à raconter et de grands hommes à célébrer. Ils étaient deux ce dimanche et avaient pour nom Madouce et Beubeu, pas des noms de guerriers direz-vous ? Peut-être pas, mais quels champions ! Et quand c'est comme ça, moi je suis désolé, mais je dis « Vive la guerre » !

DeMarc FAYET, comédien, auteur dramatique et metteur en scène français



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