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Le regard et la plume de Marc Fayet

Un « Doubs » parfum de liberté,


Il y a mille et une raison de quitter un pays et l'actualité nous montre à quel point nombreux sont celles et ceux qui à juste raison n'ont qu'un seul but, fuir. Les causes sont toujours les mêmes, la faim, le chômage, l'oppression, la guerre… Parmi ces pays infréquentables se trouve L'Erythrée, authentique régime totalitaire dirigé par le même président depuis 28 ans et qui affame son peuple sans lui laisser aucun espoir d'existence meilleure. Ne reste pour ceux qui croient encore en leur chance, qu'à grimper sur des barques surchargées et affronter les périls de la mer ou enfourcher leur vélo pour s'échapper du malheur… Car de manière tout à fait exceptionnelle il s'agit d'une des rares ouvertures consenties par le régime qui laisse même ses meilleurs éléments rejoindre le centre mondial du cyclisme de l'UCI à Aigle qui a vu au moins une vingtaine de jeunes coureurs venus y parfaire leur apprentissage. Il y a donc toute une génération d'Erythréens encouragés par leur régime pour défendre les couleurs de leurs pays au milieu des plus éminentes formations professionnelles, à travers les plus grandes épreuves cyclistes du monde. Pour on ne sait quelle raison, il existe une réelle culture cycliste dans ce pays et une pépinière de talents dont le dernier en date s'appelle Biniam Girmay vainqueur de la Classic Grand Besançon et qui ouvre de ce fait une nouvelle voie car si les coureurs érythréens peuvent briller depuis qu'ils sillonnent nos épreuves, jamais encore ils n'avaient eu la chance de remporter d'épreuves professionnelles en France. Cette victoire à Besançon est donc un symbole très fort d'autant plus que le même Biniam était déjà deuxième au Tour du Jura remporté par Benoit Cosnefroy la veille et le sera encore le lendemain de sa victoire à Pontarlier lors du Tour du Doubs derrière Dorian Godon . Le voici au même niveau que deux des plus grands talents français en train d'éclore. Comme chaque candidat à l'exil cherche une nouvelle terre d'adoption, voici que le jeune Biniam a trouvé sur ces tracés des routes à sa convenance, adaptées à ses qualités et probablement à son tempérament, peut-être de ses aspirations.

Peut-être aussi a-t-il enfin compris qu'il avait sa place parmi tous les espoirs qui furent fondés en Nathanael Berhane, Merawi Kudus, Daniel Teklehaimanot ou Yakob Debessay, autant de champions qui tous ont eu du mal à concrétiser dans nos contrées, si ce n'est le maillot à pois porté lors du tour de France 2015 par Daniel Teklehaimanot. C'est donc un bonheur de songer que Biniam Girmay a peut-être enfin trouvé sa terre d'adoption sportive, et de le voir lever les bras doit être chargé d'émotion pour tous, pour ses semblables, mais pour nous aussi, témoins impuissants de tous ces exodes. C'est un peu comme si nous avions la sensation qu'il était sauvé. A moins que… A moins que ?

Il y a quelques années j'avais assisté à la projection du documentaire d'un passionné de cyclisme qui était parvenu à entrer en Erythrée et nous raconter la misère de ce pays, et pourtant sa beauté, mais aussi sa culture cycliste qui était incroyable de ferveur. Il suivait le destin de deux coureurs qui tous les deux devaient intégrer le centre mondial du cyclisme grâce à ce rare pont entretenu entre ce pays et ceux qu'on appelle « Libres ». L'un s'appelait Merawi Kudus et l'autre a voulu se faire oublier car dès que Merawi et son camarade ont atterri à l'aéroport de Genève où ils devaient être pris en charge par les membres de l'UCI, le compagnon de Merawi disparut définitivement. Le jeune coureur prometteur n'avait développé son talent cycliste que pour s'évader de son pays. Le réalisateur m'expliqua que le garçon désirait la liberté vraie, pas celle imposée par le régime qui dit-on soumet les coureurs à des conditions strictes comme reverser une partie de leurs gains au régime et revenir au pays une fois fortune faite pour ne jamais encourager d'autres membres de la famille à les rejoindre. Je ne sais si cette affirmation est authentique mais elle n'est pas impossible. Alors ce que nous souhaitons tous à Biniam Girmay qui a su être un si beau vainqueur et un si brillant deuxième, c'est que grâce à sa victoire, même si son avenir reste incertain, il ait au moins ressenti ce doux Doubs parfum de liberté auquel tout être humain à droit.

De Marc FAYET, comédien, auteur dramatique et metteur en scène français



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