Rencontre avec Yvon Sanquer, président de l’AC 2000
Au cours de cette interview, Yvon Sanquer, président de l’Association des Groupes Cyclistes Professionnels (AC 2000), membre du bureau exécutif et du Conseil d'Administration, revient sur le travail de la commission calendrier pour ce mois de mai hors norme. Il évoque les changements de dates, les défis organisationnels et les conséquences sportives de ces ajustements.
LNCPRO : Vous avez travaillé aux côtés de Dominique Serrano et des membres de la commission sur la mise en place de ce calendrier inédit, ainsi que sur la nouvelle formule des 4 Jours de Dunkerque. Comment cela s’est-il mis en place ?
Yvon Sanquer : Cette configuration est effectivement nouvelle. La proposition d’un nouveau format attractif, avec une classique Pro Series en ouverture, suivie d’une course par étapes traditionnelle faite par les 4 Jours de Dunkerque a été accueillie très favorablement notamment par les équipes. Le problème posé par la nécessité de trouver une nouvelle date pour préserver l’édition 2025, compte tenu de l’impossibilité d’organiser les 4 Jours à leur date habituelle en raison d’un événement commémoratif à Dunkerque, était lui plus complexe à résoudre. Cela nous a poussé à innover. Il fallait pérenniser cette course emblématique du calendrier français. Il est très vite apparu que la solution reposait sur le déplacement de deux courses bretonnes, cela s’est mis en place après de nombreux échanges, d’abord avec les organisateurs, puis avec toutes les familles de la commission. Chacun a apporté ses idées pour aboutir à une proposition de regrouper, sur 4 jours, quatre manches de la Coupe de France FDJ.
LNCPRO : Comment les équipes ont-elles été associées à cette réflexion ?
Yvon Sanquer : Nous avons travaillé en concertation avec toutes les parties prenantes : organisateurs, représentants d’équipes, institutions. Il a été proposé aux Boucles de l’Aulne et au Tour du Finistère Pays de Quimper de rejoindre, le Grand Prix du Morbihan et le Tro Bro Léon, pour permettre le réagencement du calendrier. Les organisateurs des Boucles de l’Aulne et du Tour du Finistère Pays de Quimper ont fait preuve d’une grande flexibilité et capacité d’adaptation. Ils doivent être remercier. Ils ont permis de maintenir un calendrier cohérent malgré les contraintes. Les équipes ont suivi et permis aux organisateurs de ces manches de la Coupe de France FDJ de présenter de beaux plateaux.
Concernant les 4 Jours et leur nouvelle classique, le fait de combiner une course d’un jour et une course par étapes a été un vrai plus pour les points UCI. C’est un véritable bonus pour les équipes françaises qui cherchent à marquer des points. Cela a également attiré plus d’équipes étrangères, ce qui a relevé le niveau sportif de l’épreuve.
LNCPRO : Mais ce format représente-t-il aussi une contrainte pour les équipes ?
Yvon Sanquer : Oui, c’est là tout le paradoxe. Avant les 4 Jours, quatre autres courses exigeantes se sont enchainées en Bretagne. Cela représente un défi logistique et physique surtout pour les équipes continentales, qui disposent de moins de marge de rotation dans leurs effectifs. Certains coureurs ont enchainé jusqu’à dix jours de compétition intense en l’espace de onze jours, ce qui a été très exigeant, même pour les coureurs expérimentés.
LNCPRO : Faut-il repenser ce type d’enchainement pour l’avenir ?
Yvon Sanquer : C’est une vraie question. Il faudra tirer des leçons de cette édition. Bien sûr, il y a eu des aspects très positifs : un plateau relevé, des confrontations sportives de haut niveau, une belle visibilité pour les courses. Mais il faut aussi préserver un équilibre sportif, et réfléchir à la charge de travail imposée aux coureurs, notamment les plus jeunes dans les équipes continentales.Pour 2026, il faudra évaluer dans quelles conditions ce type de programme peut être renouvelé, sans déséquilibrer la préparation ou la saison des coureurs. Ce que nous avons vu cette année, c’est une belle solidarité entre organisateurs, une capacité d’adaptation remarquable et une volonté commune de maintenir des épreuves de qualité. Ce sont des signaux très positifs pour l’avenir du cyclisme français. Mais nous devons rester vigilants pour concilier ambition, logistique et équilibre sportif.
Par Fred Vdb - photo dr LNC