Gabriel Berthelot : Être président du jury sur le Giro, c’est l’aboutissement d’une passion
Commissaire international pour l’Union Cycliste Internationale (UCI), Gabriel Berthelot a récemment présidé le collège des commissaires sur le Giro, l’un des trois grands tours du calendrier cycliste. À travers cet entretien exclusif, il revient sur son parcours, son rôle clé dans le respect des règles et l’éthique du cyclisme, ainsi que sur les émotions liées à cette mission prestigieuse.
LNCPRO : Gabriel, pour commencer, pouvez-vous nous expliquer votre parcours jusqu’à votre rôle actuel de commissaire international ?
Gabriel Berthelot : J’ai commencé à 18 ans en tant que commissaire régional. Deux ans plus tard, j’ai passé le diplôme de commissaire national. Quatre ans après, j’ai obtenu le grade de commissaire fédéral — qui correspond aujourd’hui à celui de commissaire national élite. Cette formation est désormais centralisée par l’UCI. Puis, en 2014, j’ai réussi les épreuves de présélection en France pour me présenter à l’examen de commissaire international en novembre de cette même année. Cette formation dure une semaine à Aigle (Suisse) et se termine par un premier examen théorique. L’année suivante, j’ai validé la partie pratique en 2015 lors du Tour d’Autriche.
LNCPRO : Comment définiriez-vous le rôle d’un commissaire international sur une course comme le Giro ?
Gabriel Berthelot : Notre mission principale, c’est de garantir l’éthique sportive et de veiller au respect du règlement international de l’UCI. Nous sommes là pour que les règles soient appliquées à tous les niveaux. Mais nous sommes également là pour participer au bon déroulement de l’épreuve en collaboration avec l’organisation.
LNCPRO : Combien de commissaires internationaux forment le jury sur une course comme le Giro ?
Gabriel Berthelot : Le jury du Giro compte cinq membres : quatre commissaires internationaux, plus un commissaire dédié à l’assistance vidéo (VAR). Nous sommes également accompagnés d’un commissaire technique, chargé de la conformité du matériel, notamment des vélos, casques, et aussi des tenues des coureurs.
LNCPRO : Ce commissaire technique, c’est une nouveauté ?
Gabriel Berthelot : Oui, c’était une première sur le Giro cette année. Et c’est une aide précieuse. Le matériel, les équipements évoluent très vite et avoir des collègues qui sont informées des dernières nouveautés, c’est vraiment un plus pour le jury des commissaires.
LNCPRO : Était-ce votre premier Grand Tour en tant que président du jury ?
Gabriel Berthelot : Oui, en tant que président du collège des commissaires, c’était mon tout premier Grand Tour. J’avais déjà officié sur plusieurs épreuves World Tour, mais présider le jury d’une course comme le Giro, c’est une vraie consécration. J’ai d’ailleurs eu la chance de partager cette expérience avec deux autres commissaires français : Laurent Idelot (commissaire technique) et Wilfried Richard (commissaire moto).
LNCPRO : Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre nomination à la présidence du jury sur le Giro ?
Gabriel Berthelot : C’est une grande émotion. Une forme de reconnaissance après toutes ces années de passion et de travail. Le cyclisme est une famille, et être choisi pour présider un Grand Tour, c’est très fort. C’est plus qu’une fierté, c’est l’aboutissement d’un engagement de longue date.
LNCPRO : Et pour le Tour de France ? Est-ce envisageable pour vous un jour ?
Gabriel Berthelot : C’est compliqué pour un commissaire français. Traditionnellement, les présidents de jury sur le Tour sont étrangers. Le dernier président français, Didier Simon, y a officié en 2007. Cela fait presque vingt ans qu’aucun Français n’a été nommé à ce poste sur le Tour.
LNCPRO : Quelles autres grandes courses avez-vous déjà encadrées ?
Gabriel Berthelot : J’ai été membre du jury sur le Tour de France, Tirreno-Adriatico, le Tour du Pays Basque. J’ai également été impliqué dans les Jeux Olympiques en tant que commissaire. J’ai eu la chance d’enchainer de très belles courses ces dernières années.
LNCPRO : Les JO, c’était un moment fort ?
Gabriel Berthelot : Immense. Pour un commissaire, participer aux Jeux est un moment unique, qu’on ne vit souvent qu’une seule fois dans une carrière. Et les vivre dans son propre pays, c’est encore plus marquant. J’en garde un souvenir inoubliable.
LNCPRO : Quelles sont les épreuves que vous rêveriez d’encadrer à l’avenir ?
Gabriel Berthelot : Si un jour, je peux participer à la Vuelta, ce serait déjà une belle continuité. Après, ce n’est pas moi qui choisis : c’est l’UCI qui nous désigne. Le plus important reste d’accomplir notre travail avec sérieux et éthique.
LNCPRO : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite devenir commissaire international ?
Gabriel Berthelot : Il faut commencer tôt, et surtout être à l’écoute. L’expérience des anciens commissaires est précieuse — j’ai beaucoup appris de Didier Simon, par exemple. Il faut aimer le cyclisme, être passionné, et savoir dialoguer avec tous les acteurs du peloton. C’est un rôle de rigueur, mais aussi de gestion humaine. Et je souhaite moi aussi partager mon expérience auprès de la nouvelle génération.
Par Fred Vdb - photo DR