Assemblée Générale - Convention 2023 : Le cyclisme face aux enjeux sociétaux
Cette Assemblée Générale - Convention du 8 décembre dernier a été très riche dans les présentations des invités et dans les échanges avec la salle. Revenons sur la table-ronde sur « Le cyclisme face aux grands enjeux de société » et sur le grand témoin de cette convention : Florian Rousseau, qui est revenu sur l'aspect humain que doit garder le cyclisme au moment de la montée en puissance des datas.
TABLE-RONDE : LE CYCLISME FACE AUX GRANDS ENJEUX DE SOCIÉTÉ
Différentes personnalités sont intervenues sur cette thématique comme : Philippe Raimbaud (agent de coureur), Pierre-Luc Perichon (coureur pro en reconversion), Virgile Caillet (Délégué Général de l’Union Sport et Cycles) et Pierre Pouliquen (Politique du sport dans la région Bretagne). Quelques extraits de cette table-ronde très riche où l’on voit cette dimension sociétale du vélo aujourd’hui.
Pierre-Luc Perichon : Le cyclisme d’aujourd’hui connait les mêmes problèmes que la société. Il y a beaucoup de stress dans le peloton, on est dans l’obligation de performance. On est connecté tout le temps via nos capteurs, donc quelque part très suivis et ça entraine une charge mentale très forte. On voit des burn-out… Son objectif de jeune retraité est de créer une équipe à moyen terme. Une formation où il y aura beaucoup de collaboration où chacun aura la parole. Que tous les employés de la société soient acteurs.
Philippe Raimbaud : Au niveau de l’environnement, je pense que nous sommes un peu en retard sur la prise de conscience. Un article du « Monde » démontrait que nous atteignons des pics de chaleur record. Il concernait Phoenix en Arizona. Mais, cela a aussi été valable chez nous cet été. Il faut demander si on peut faire courir des coureurs sous plus de 40 degrés ? Est-ce que l’on va faire démarrer nos courses à 5h du matin ? Est-ce que l’on disputera une étape entre Pau et Bordeaux avec une forêt en feu ? Va-t-on continuer à aller au Japon, en Australie ? Je pense que nous devons tous collectivement réfléchir collectivement à ces questions sou d’autres le feront à notre place. Là, le réveil sera brutal. Il ne nous faut pas arriver à ce moment où on se dira, continue-t-on la Formule 1, le cyclisme ?
Virgile Caillet : Nous représentons l’industrie du vélo. Il est important de voir ce que représente le vélo de notre pays et pas forcément la dimension compétitive. En France, 2,6 millions de vélos neufs sont vendus chaque année et ce chiffre est en baisse. On considère qu’il y a un parc de 32 millions de vélos dans l’hexagone. Le vélo, ce n’est pas que la compétition, c’est aussi des entreprises, de l’aménagement du territoire, des mobilités douces, la transition écologique, l’ouverture vers le monde demain et le tourisme. Itinérant et sportif. Il faut avoir une vision beaucoup plus sociétale et globale ce que représente le vélo aujourd’hui. J’entends vos préoccupations d’organisation de compétitions sur le territoire, mais il faut que vous trouviez votre place dans cet ensemble, dans cette hybridation aujourd’hui du vélo...
Pierre Pouliquen : Une institution comme la mienne intervient dans de nombreux domaines comme pour l’accompagnement de compétitions, d’équipes, mais aussi pour les déplacements à vélo, la mobilité au quotidien sans oublier le volet développement économique. En effet, une usine va bientôt s’installer en Bretagne pour assembler des cycles. Nous organisons aussi des conférences thématiques sur les déplacements et le sport. Il faut que chacun puisse apporter ces idées. Le vélo s’est développé très vite... Plus vite que les infrastructures.
LE GRAND TÉMOIN : FLORIAN ROUSSEAU
L’ancien champion olympique est à la Fédération française de Cyclisme, directeur du programme olympique dans la perspective des Jeux olympiques de Paris en 2024. Il nous rappelle pour lui l’importance de la dimension humaine dans le sport.
Je crois beaucoup à la notion humaine. Notamment, on a des coaches, qui sont là pour aider les jeunes. Il ne faut pas se laisser dicter des choses par la « donnée ». Attention, je ne suis pas contre l’innovation. Aujourd’hui, des nouveaux métiers vont apparaitre. L’intelligence artificielle est déjà présente dans le sport et elle va vite arriver dans la haute performance. Cela va redistribuer les cartes une nouvelle fois. Il y a des datas-analystes qui apparaissent. La machine va venir apporter de nouvelles choses. Je crois encore beaucoup en l’humain et à ses valeurs, au génie humain dans l’instant de nécessité de délivrer le Jour J la performance, j’y crois encore. Le jour où je n’y croirai plus, je changerai de métier...
Par Fred Vdb - photo dr LNC