Trois questions : Alain Deloeuil, 27 ans de passion cycliste chez Cofidis

Il est le Directeur sportif historique de l’équipe nordiste. Alain Deloeuil a fait partie de l’histoire de l’équipe. Présent dès sa création, il a pris sa retraite lors de la Japan Cup, dernière course de sa carrière dans un véhicule Cofidis. Il revient dans cette rencontre sur 27 ans de passion et de professionnalisme.

LNCPRO : Comment êtes-vous devenu Directeur Sportif ? Une vocation ? Une passion ?

Alain Deloeuil : J’ai effectué ma carrière cycliste (1977-1987) comme tous ceux qui sont dans ce milieu. J’avais anticipé la fin.  Ayant toujours travaillé dans le vélo, la carrière de Directeur sportif me paraissait logique. En 1988 à la fin de ma carrière, j’ai pris la direction du cyclo club de Wasquehal qui était le plus important de la région. Après Guy Mollet,François Migraine lui a succédé comme président. Il a créé l’équipe Cofidis. Nous étions amis et il a travaillé sur le projet de l’équipe. Fin 1996, l’équipe est née et automatiquement je suis rentré dans celle-ci.

Pour devenir Directeur sportif, il y avait une formation sommaire pour ce poste. Le vélo, c’est ma passion du vélo depuis l’âge de 13 ans. Je n’ai jamais rien fait d’autre. J’ai passé mon Brevet d’Etat et ensuite j’ai fait le stage comme maintenant à l’UCI. J’ai mes diplômes de Directeur sportif. L’après carrière, il faut y penser.  Il faut penser à sa retraite sportive, cela arrive très vite. Les coureurs n’y pensent pas toujours. Aujourd’hui avec l’aide de l’UNCP (Union Nationale des Cyclistes Professionnels) et de ses formations, ils se préparent à l’après vélo. Ils sont vraiment plus encadrés. C’est beaucoup mieux comme cela. Ils sont aidés et formés pour la suite.

LNCPRO : Votre meilleur et votre pire souvenir durant 27 ans ?

Alain Deloeuil :   L'un de mes meilleurs souvenirs et une fierté est d’avoir monté en 2007-2008 une équipe dans l’équipe dédiée aux classiques belges, un pôle classique. L’idée était à l’époque de regrouper les meilleurs coureurs que l’on avait pour courir ces courses du Tour des Flandres à Paris-Roubaix. J’avais créé cela pour courir ce type de courses. On avait eu d’excellents résultats sur les deux saisons et attiré des coureurs comme Sylvain Chavanel ou Nick Nuyens. Pour l’époque, c’était quelque chose d’innovant. On vivait toujours ensemble de décembre à Paris-Roubaix avec les mêmes kinés et mécanos. nous avions un gros collectif avec des résultats. Cela n’a malheureusement pas duré. Le projet a été stoppé pour des raisons qui ne devaient pas être sportives.

Le Tour 2023 nous a aussi emmené de belles joies avec les deux victoires de cet été. Quand tu gagnes sur la Grande Boucle, tu as réussi ta saison. Cela ne nous était plus arrivé depuis 15 ans où on avait aussi gagné deux étapes. Mon pire souvenir est le décès d'Andrei Kivilev   en 2003. Sa mort, sur les routes du Paris-Nice, a été dramatique. J’avais des relations particulières et proches avec lui.

LNCPRO : Quels sont les coureurs qui vous ont le plus marqués ? 

Alain Deloeuil :  I l y en a eu beaucoup. De nombreux sont passés chez nous. Parmi les personnages atypiques, il y a Frank Vandenbroucke avec son talent fou et malheureusement toutes ses frasques. Il était incontrôlable. Il y a bien sûr David Moncoutié qui a fait partie de l’aventure dès 1997. David est tombé dans les « années folles », il avait un talent immense, une assurance et une solidité à toute épreuve comme l’ont montré ses victoires sur le Tour et la Vuelta. On voudrait comme on le disait souvent « avoir 10 Montcoutié dans l’équipe »... C’était un coureur de talent avec une classe phénoménale. 

Ensuite, il y a eu Sylvain (Chavanel de 2005 à 2008). Partout où il est passé, il marqué par son talent, sa personnalité et ses beaux résultats. Diriger Sylvain était aussi un plaisir. Un grand coureur avec une personnalité attachante comme celle de Julian Alaphilippe .

Par Fred Vdb - photo Pierre Willemetz