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André Darrigase, champion du soleil...


Il a remporté un championnat du monde, un championnat de France et un sublime Tour de Lombardie. Mais c'est dans le Tour de France qu'il vécut les plus beaux moments de sa carrière. Portrait du populaire ' Dédé de Narosse '...


Lorsqu'il regarde derrière lui, il se souvient qu'il ' eu[t] la chance de courir aux côtés de champions comme Louison Bobet et Jacques Anquetil. '1 Il assure qu'il a toujours ' été considéré comme un équipier '2 et que lui-même, d'ailleurs,  ' n'avai[t] pas la prétention de tenir un autre rôle. '3 Lorsqu'il revient sur ses pas, il ranime des batailles et des compagnons formidables, dans l'atmosphère brûlante des joutes d'été... Parce qu'avant n'importe quelle considération, André Darrigade, né à Narosse en 1929, fut un homme du soleil, un homme de juillet. C'est au point qu'il termina treize des quatorze Tours de France disputés de 1953 à 1966, se classant notamment seizième en 1956, en 1959 et en 1960 - ses meilleures places à Paris. Mais celui qu'on surnommait curieusement ' le Basque sautillant ' (il était Landais) s'intéressait peu au classement général. Offensif et véloce, il s'accomplissait en chassant les étapes, particulièrement la première, qu'il s'adjugea à cinq reprises. Moyennant quoi, il endossa régulièrement le maillot jaune, se faisant fort de le conserver plusieurs jours. Pierre Chany ne s'y trompa point : ' Un grand routier-sprinter et un champion de haute qualité. '4 On est loin du simple équipier qu'André Darrigade croyait incarner.

Un chiffre résume tout : vingt-deux. Entre 1953 et 1964, le Français a remporté vingt-deux étapes dans le Tour de France, ce qui le situait juste derrière André Leducq, lauréat de vingt-cinq étapes. Sans compter que notre impénitent vainqueur compléta son trousseau en décrochant deux maillots verts, le premier en 1959, le second en 1961, au terme qu'une courbe exceptionnelle, ponctuée par quatre succès individuels et une abnégation permanente envers Jacques Anquetil. Le dernier soir, le public du Parc des Princes lui réserva une émouvante et longue ovation. ' Jusqu'à l'arrivée de Poulidor, j'étais le plus populaire ', expliquerait-il sur le tard. Et d'ajouter cette précision qui le peignait tout entier : ' Même quand j'avais le maillot jaune, je courais après tout le monde. Je ne regardais jamais le lendemain. Je me bagarrais, je m'écroulais. Les gens aiment ça ...'5

 Oui, les gens l'aimaient. Ils l'aimaient pour son beau physique d'athlète blond, pour son sourire, pour sa voix pleine de chaleur et sa spontanéité qui n'excluait pas une authentique modestie ; ils l'aimaient aussi pour sa correction, son sens du devoir et son parcours, assez original. André Darrigade, en effet, avait débuté sur la piste où ses jambes nerveuses et musclées trouvaient un terrain favorable. Son arme préférée ? Le sprint. En 1949, il allait si vite qu'il réussit à battre, au Vélodrome d'Hiver, un certain Antonio Maspes en finale de la célèbre ' Médaille '. Or, Maspes cumulerait sept titres mondiaux en vitesse chez les pros ! C'est dire quels étaient les dons naturels du Landais... Cependant, dons de pistard ou non, l'intéressé souhaitait tenter sa chance sur la route ! C'était le temps des Bartali, Coppi, Van Steenbergen, le temps du premier Bobet, le temps de l'inénarrable Koblet. Fin 1951, il rejoignit l'équipe La Perle, alors dévouée au jeune rouleur suisse. Puis, vingt mois plus tard, il vit apparaitre un autre prodige - un Normand de dix-neuf ans, un gosse en quelque sorte, mais doué d'un génie peut-être supérieur à celui de Coppi ! Dans ces conditions, quelle carrière pouvait-il espérer ? Assurément celle d'un bon coureur puisqu'il avait gagné sept épreuves en 1951, huit en 1952 et six en 1953, dont une étape du Tour de France. Mais, une parfaite compréhension du cyclisme, une parfaite lucidité et un rien d'inhibition lui firent sentirent qu'il n'atteindrait jamais le niveau d'un Anquetil, et qu'un Van Steenbergen, après 250 kilomètres, serait manifestement trop puissant. D'où sa résolution de devenir chaque saison, aux yeux mêmes du sélectionneur national, Marcel Bidot, ' le meilleur équipier '6 au service d'un leader. Pour le reste, c'est-à-dire pour sa propre gloire, il faisait confiance à sa pointe de vitesse...

 On le sait : le Tour de France lui valut ses principales satisfactions. Mais, par-delà le seul mois de juillet, il existait un deuxième Darrigade, spécialiste des courses en circuit fermé, qui connut le bonheur d'être sacré champion de France en 1955, puis qui monta sur le podium du championnat du monde en quatre occasions - il monta sur la plus haute marche à Zandvoort, le 16 août 1959 ! Ce jour-là, pourtant, il n'avait pas ménagé sa peine, prolongeant tour après tour une échappée lancée avec Gismondi et Retvig, au soixante-dixième kilomètre. Puis sept volontaires les avaient rattrapés, dont Simpson, Anglade et Fore, sans qu'il perdit la maitrise des événements. À l'arrivée, Gismondi céda quatre longueurs. ' Dédé de Narosse ' était champion du monde.

 On aurait tort d'imaginer que ce fut son bâton de maréchal. En fait, André Darrigade avait touché le sommet le 21 octobre 1956, lorsqu'il triompha dans un inoubliable Tour de Lombardie. Chacun se souvient des détails, depuis l'offensive généreuse de Coppi, trente-sept ans, jusqu'aux retours successifs des ténors, Bobet, Bouvet, De Bruyne, Fornara et Magni, puis Decock, Monti, Van Looy, Albani, Poblet. Darrigade, lui, est de ceux qui attendent le sprint. Mais, à l'entrée du Vigorelli, il se laisse enfermer et semble battu, en huitième position. Puis il se rapproche ; il monte au virage avec un braquet de 50 x 14, ' idéal, dira-t-il, parce qu'il permettait un double démarrage. '7 Au même moment, Van Looy attaque, bientôt dépassé par Magni. Puis Coppi déborde et croit l'emporter - c'eût été un magnifique adieu - quand, in extremis, une boule blonde règle ce que Chany appellera ' un sprint titan '8.

 Le plus chic des coureurs avait brisé le plus grands des champions.

© Christophe Penot

Retrouvez chaque mois la suite de cette série de portraits dans La France Cycliste,
le magazine officiel de la Fédération Française de Cyclisme.

 

Darrigade en bref

* Né le 24 avril 1929 à Narosse.
* Professionnel de 1951 à 1966. Après sa carrière, il dirigera La Maison de la presse à Biarritz.
* Principales victoires : Bordeaux-Saintes 1951 ; Tour de Picardie 1954 ; Champ. de France 1955 ; Tour de Lombardie 1956 ; Troph. Baracchi 1956 (avec Graf) ; Six-Jours de Paris 1957, 1958 ; Crit. National 1959 ; Champ. du monde 1959 ; Vainqueur de 22 étapes dans le Tour de France.


1 In L'Équipe Magazine du 3 juillet 1993.
2 Ibid.
3 Ibid.
4 Pierre Chany, La Fabuleuse histoire du cyclisme, ODIL, 1975, p. 823.
5 In L'Équipe du 7 juillet 1992.
6 Ibid.
7 Ibid.
8 Pierre Chany, op. cit., p. 564.



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