Yoann Offredo : De coureur à consultant
De coureur à consultant, l’ancien baroudeur du peloton raconte sa reconversion, son équilibre entre médias, entreprise et engagement associatif. Il fait partie de cette génération de coureurs devenus consultants télé, à l’image de Jacky Durand, Pierre Rolland, Laurent Jalabert, Christophe Riblon, Thomas Voeckler et bien d’autres. Kevin Vauquelin (7e du dernier Tour de France) a lui aussi officié pour la première fois sur la chaine L’Équipe lors du Tour du Luxembourg. Entretien.
LNC Pro : Yoann , après ta carrière, tu as souhaité être consultant. On est venu à toi ou c’est toi qui as fait la démarche ?
Yoann Offredo : Je t’avouerai qu’après ma carrière, je ne savais pas forcément quoi faire. J’étais un peu perdu. Je me demandais si je devais reprendre les études, me lancer dans une “vie civile” ou rester dans le vélo. Les choses se sont faites naturellement. J’aimais bien la télé, j’aimais bien communiquer. Nicolas Geay m’a proposé d’être consultant sur le Tour de France virtuel, pendant l’année du Covid, sur France Télévisions.
LNC Pro : C’est donc là que tout a commencé ?
Yoann Offredo : Oui. Je faisais déjà des reconnaissances d’étapes avec Rodolphe Godin et Nicolas Geay. J’ai commenté la première étape du Tour de France Zwift, puis tout s’est enchainé. Mais le week-end suivant, j’étais en stage avec l’équipe, en Belgique, et j’avais complètement oublié que je devais commenter à nouveau ! Dans le train, je me suis demandé ce que je faisais encore là, à repartir m’entrainer. Et là, j’ai eu comme un déclic. J’ai changé de train à la gare TGV de Picardie, j’ai fait demi-tour et je suis retourné à Paris pour commenter le Tour. Dans le train, j’ai appelé Jean-François Bourlard pour lui dire que j’arrêterais à la fin de ma carrière. Ce n’était pas un coup de tête, mais un instinct. Je savais que si je continuais, il pouvait m’arriver quelque chose de plus grave encore. C’est comme ça que j’ai arrêté.
LNC Pro : Et depuis, tu es devenu une voix familière du cyclisme à la télévision.
Yoann Offredo : Oui, je suis consultant pour France Télévisions, mais j’ai aussi travaillé pour RTL-TVI en Belgique et la chaine L’Équipe. Aujourd’hui, je ne fais plus que France Télé, une cinquantaine de jours par an. À côté, j’ai monté ma société : on fait de la stratégie pour des entreprises, des conférences sur le dépassement de soi, la reconversion, des accompagnements de marques. Et je m’investis beaucoup dans le milieu associatif.
LNC Pro : Tu aurais pu croiser Philippe Gilbert chez RTL TVI…
Johan Offredo : Oui, j’aurais pu ! (rires) Philippe est maintenant surtout sur RTL tvi, avec une nouvelle approche. Chacun trouve sa voie. Ce que j’aime sur France Télévisions, c’est la diversité des profils : Marion Rousse, Laurent Jalabert, Alexandre Pasteur… Ce mélange apporte une vraie richesse. On parle au grand public, pas seulement aux spécialistes, et c’est ce qui rend cette équipe vivante.
LNC Pro : Tu interviens aussi sur d’autres sports ?
Yoann Offredo : Oui, un peu de multisport. J’étais aux Jeux, et je serai présent pour les Jeux d’hiver. Et puis je travaille aussi sur la reconversion des athlètes, au sein de la commission des athlètes du CNOSF et de la Fédération Française de Cyclisme. J’essaie de mettre en place tout ce que j’aurais aimé avoir quand j’ai arrêté.
LNC Pro : De plus en plus d’anciens coureurs deviennent consultants. C’est une tendance durable selon toi ?
Yoann Offredo : Pas forcément. En France, il n’y a que trois chaines qui diffusent du cyclisme : Eurosport, France Télé et L’Équipe. Donc, trois ou quatre places, pas plus. Et tout le monde n’a pas envie ou n’est pas fait pour ça. Avoir la gouaille d’un Thomas Voeckler, ce n’est pas inné. Être un bon consultant n’a rien à voir avec être un bon coureur, et inversement. Beaucoup d’anciens athlètes se tournent vers la télé au début parce que c’est rassurant, mais il y a tellement d’autres voies possibles.
LNC Pro : Aujourd’hui, tu ne veux plus être seulement “consultant” ?
Yoann Offredo : Exactement. Quand je me présente, je ne me définis pas comme ça. Demain, je travaille dans mon entreprise, j’encadre des équipes, je fais des conférences à Lorient sur le dépassement de soi, j’interviens dans des colloques de médecine sur le suicide… Ce sont des univers totalement différents. Et c’est ça qui me plait : prendre de la hauteur, sortir du cadre, ne pas rester enfermé dans un seul milieu.
Par Fred Vdb, texte et photo /LNC