Le regard et la plume de Marc Fayet

Il y a une série qui fait fureur actuellement et qui est une production presque exclusivement Française, il s'agit de « Un sillage Français ». Formidable saga où ses héros principaux sillonnent la France entière pour accomplir des exploits qui ont de quoi rendre jaloux tout candidat à la victoire. Souvenez-vous que dans un des premiers épisodes le héros de la série, Cap'taine Alaph, était allé défier l'armée Belge sur ses terres, et qu'il a fait ployer le Lieutenant Van Aert qui a dû rendre les armes sans avoir pu combattre malgré l'aide d'une cour un peu trop basse, pourtant constituée d'Even poule, galvanisé par l'opposition de van der Poule… Qui toutes deux étaient finalement un peu trop mouillées, comme elles seront trempées lors de tous les rendez-vous d'approche et successifs à la plus mythique des classiques, depuis la Bretagne jusqu'aux hauts de France. Cette victoire du Capt'aine Alaph le plaçait d'emblée parmi les plus grands combattants du premier régiment cycliste de l'histoire des armées Françaises d'occupation des routes. Cela méritait une réception Elyséenne et peut-être même une cérémonie aux Invalides à l'heure où le vélo est devenu le plus valide des moyens de transport. Mais aux dernières nouvelles, pas de réception prévue, pas de Macron à bicyclette ni de Castex en solex. A préciser que cet exploit était diablement bien orchestré par le Général Voeckler un fin stratège capable de dire à ses troupes… « Faites comme je dis, mais si vous faites autre chose et que vous gagnez, ce sera encore mieux ! ». Démontrant à quel point l'art de la guerre est aussi une affaire d'instinct et d'instant, le plus important étant de faire confiance à ses hommes. Dans cet épisode qui bénéficiait d'une adhésion sans pareille, on avait les prémices de ce que le génie français peut mettre sur pied pour montrer aux troupes de l'axe de pédalier, qu'ils peuvent aussi entrer dans la voie de la collaboration pour venir dans nos contrées affronter nos plus fins limiers formant les plus beaux pelotons d'exécution. Dans cet épisode qui fera date dans l'histoire de la geste poétique cycliste, voilà qu'on montrait comment attraper deux fois un arc en ciel. Afin d'atteindre le climax de la série, il faut se rappeler les amuse-gueules comme à Denain, terrain de combats historiques où magnanimes et sentant le vent du bout laid venir, les Français autorisèrent un Belge à remporter une bataille, quelques jours avant la déroute des siens à Louvain où le Loup vint.

Ce Belge venu chercher un trophée est un dénommé Philipsen qui comme tous ses amis tels des Fénix est chargé en caféine, mais seulement pour garder ses cheveux nous affirme-t-il, ce qui lui permet de gagner chaque fois d'un poil. A Vitré ensuite, toujours aussi humide, c'était un deuxième cadeau offert à une autre nation en échec aux championnats mondiaux quelques jours plus tôt, autre lot de consolation à la brigade un peu trop légère entourant le Lieutenant Van Aert, et c'est un jeune combattant Arvid de reconnaissance qui imposa son nom de Kleijn pour devenir ce soldat inconnu qui venait goûter à son heure de gloire. Retour de bâton préliminaire, c'est sur la Classic Loire Atlantique que La France eut droit à son représentant sur la plus haute marche, le petit Riou jeune aspirant Breton plein de promesses qui malgré ses origines a préféré l'infanterie cycliste à la Marine, malgré cette pluie incessante qui proposait autant d'eau en haut qu'en bas. Cette victoire annonçait un festin que tous attendaient avec appétit, celui organisé dans cette France d'en Haut où une légion étrangère s'était donné rendez-vous pour manger des pavés avec une sauce un peu trop épaisse et surtout très poivrée, sans oublier la frite qu'ils semblaient avoir oubliés et qui fut remplacée par des spaghettis à la Colbrelli, un nouveau chef étoilé, le meilleur d'Europe dit-on, venu de Lombardie pour se faire passer pour Fausto Coppi, Francesco Moser et Franco Ballerini réunis. Il m'est avis que pour associer les gènes de ces immenses champions, à moins d'une manipulation génétique, je ne vois pas d'autre recette possible. Mais il est vrai que nous somme à l'époque où l'on cétone de tout et où l'on est dupe de rien. Voici donc ce que cette série nous livra pour cette nouvelle saison. Je craindrai de vous spoiler la suite et surtout les derniers épisodes qui vont êtres ceux des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, (espérons seulement qu'il y aura moins de pelles, comme celles que prirent, les filles comme les garçons, sur les chemins de betteraves où les bataves furent aussi transparents que des navets). La France n'a pas gagné sur le Paris-Roubaix d'Octobre mais elle était metteur en scène de cette série à rebondissements montrant encore, s'il fallait s'en convaincre, que c'est dans notre pays que se font les meilleures soupes, mais bio celles-ci, cultivées dans les plus beaux sillons français où poussent les meilleurs fruits de fin de saison et qui ne sont ni des bananes, ni des pommes, juste les raisins de la colère.

De Marc FAYET, comédien, auteur dramatique et metteur en scène français