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Le regard et la plume de Marc Fayet

Entre Fourmies hier et Denain un autre jour.


Isbergues n'est pas un pays de vignobles (Le nom seul a dû dissuader les ceps de s'y enraciner et comme les ceps ne doivent connaitre ni l'orthographe ni la géographie !) mais il est celui de quelques vendanges tardives, c'est en tous cas ce que nous a prouvé Elia Viviani qui tel un pro seco (C'est vrai qu'il est bien affuté) est parvenu à imposer sa condition Italienne de fin de saison qui ressemble surtout à une fin de contrat. Car il a rompu les « Ah marre ! » de ses employeurs trop déçus du manque de jus de ce qui était pourtant un bon cru auquel ils ont crû. Déçus par deux années de gel de sa volonté ruinant son éclosion, ils étaient en droit de le qualifier de mec un peu Chianti ! C'est donc par cette victoire d'Isbergues doublant celle de Fourmies il y a quelques jours, qu'il tente de rembourser l'organisme de crédit à taux zero en dernière limite avant liquidation. Elia qui après avoir mené une vie en rouge, parfois de honte, tant il a été lent Brusco, devait parait-il tourner Kazakh en bleu, mais cette renaissance ferait-elle revoir la fin de contrat en début d'un autre ? Le fait qu'il a su sur le tard se refaire une « Santé !» et pourrait lever de nouveaux verts, je parle de la couleur de ces maillots ainsi colorés toujours promis aux grands sprinters auxquels il a appartenu et qu'il redeviendra peut-être en rouge ou en bleu. Chaque nation a ses recettes de vinification alors quoi qu'il en fût, qu'importe le fût… Vini, vidi, Viviani. Un autre homme en rouge qui bientôt sera aussi jaune que le vin du Jura, où il n'a jamais brillé, c'est Christophe Laporte qui est devenu un enfant de Wallonie où il avait déjà remporté le circuit avant de prendre la citadelle pour se faire Namur, Ah Namur ! Toujours Namur ! Il ne pouvait pas y avoir meilleur symbole pour celui qui va intégrer les voisins Néerlandais dont il va fréquenter la ligne jaune, sans forcément la franchir, à moins qu'il ne soit un pur affranchi, le Frenchy. Il est réjouissant d'apprendre que de beaux puncheurs ne sont pas que des buveurs de punch, même si Christophe vient des terres du Rosé de Provence, où certains ont la mauvaise coutume d'y rajouter des glaçons (et encore une fois Isbergues n'a rien à voir là-dedans, la preuve, il n'a même pas embarqué pour l'approcher, craignant surtout sa face cachée) car il veut maintenir son rosé au frais et aux joues.

Pas de glace donc pour Laporte et on l'imagine déjà ouvrir celle d'entrée pour laisser passer Van Aert avant lui, dont il sera une sorte de sommelier et d'oenologue à la fois pour lui permettre de goûter et vider toutes les coupes possibles et inimaginables. Cet épisode de vendanges nordistes va encore se prolonger dès le prochain rendez-vous sur ces terres frontalières au relief d'une Belgitude attitude où les Français ont l'habitude de triompher. Ils le font depuis 62 ans au nez des brigades de saisonniers qui vont se présenter mardi 21 en grappe de sept pour mettre leur grain de selle sur les routes et les pavés affinés juste après avoir ouvert, avec ou sans Christophe, Laporte du Hainaut mais sans haine et sans Pinot qui ne pousse pas bien dans la région. Laissons-donc les mélanges se faire et la coopérative des Oh ! De France se chargera à Denain de nous combiner un bon petit mélange avec du blanc, du rouge, du rosé et toutes les couleurs de leur terre nourricière et désaltérante, car tous restent assoiffés de victoires quel que soit la teneur en alcool des millésimes pour lesquels ils ont mille estimes. Et pendant ce temps la bière coule à flot en terre de Belgique pas loin, où c'est plutôt un vin du Piémont qui fut à l'honneur pour les débuts de cette rencontre mondiale de tous les spécialistes. Le Piémontais aux grand pieds déclaré meilleur du monde de l'exercice solitaire, est certainement un tireur de grand Braquet et nous fait découvrir le Brachetto, une appellation d'un rouge de là-bas dans la plaine du Pô d'où est venu Filipo Ganna, venu se vêtir de sa deuxième peau multicolore et nous fait peut-être penser que maintenant qu'Elia s'est installé en tête de la coupe de France FDJ, celui-ci va peut-être nous expliquer comment dans les hauts de France on pourrait produire un Valpolicella ou un Lacryma Christi à consommer sans modération pour ne pas perdre le Nord.

De Marc FAYET, comédien, auteur dramatique et metteur en scène français



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