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Charly Grosskost, tout près des sommets...


  

Il porta le maillot rose puis le maillot jaune et fut à deux doigts d’endosser l’arc-en-ciel en poursuite. Il était solide, quelquefois ambitieux. Portrait de Charly Grosskost, natif Eckbolsheim… 

  

Sans doute est-ce Didier Béoutis, fin observateur de l’histoire du cyclisme, qui a le mieux résumé notre sujet : « Il aura manqué peu de choses à Charly Grosskost pour être un “tout grand”. Un peu plus de chance dans Milan-San Remo, un championnat du monde de poursuite et deux étapes alsaciennes du Tour, l’absence d’Eddy Merckx dans les prologues du Tour… »[1] Manière d’écrire, en fait, que le Français laissa derrière lui une coupe dont on ne saurait dire si elle fut à moitié vide ou à moitié pleine. La coupe à moitié vide, ce sont effectivement des défaites in extremis lors d’événements prestigieux. Combien de fois a-t-il regretté d’avoir raté le coche en 1968, sur la célèbre Via Roma… C’était pourtant l’année ou jamais puisque Merckx, le jeune Dieu, avait renoncé. À sa place, menant l’échappée décisive, sept athlètes d’envergure, dont Durante, Sels, Poulidor et Altig. Un mal pour un bien ? Assez rapide, et au pic de sa forme, Charly Grosskost croyait avoir réussi l’essentiel en résistant à la poussée de Poulidor dans les rampes. Mais c’était oublier Rudy Altig, l’Allemand au palmarès interminable, également confronté à l’opportunité de sa vie. Le sprint fut long, tendu, aussi douloureux qu’une finale serrée en poursuite. Par réflexe, le fonceur du groupe Bic jeta son vélo sur la ligne. En vain. Sa deuxième place le meurtrit rudement. 


Il n’aimait pas l’échec. Attitude non pas hautaine, mais guerrière, que les journalistes expliquaient par l’incroyable puissance démontrée dès ses débuts, sous les couleurs de la Pédale d’Alsace. C’est simple : il gagnait partout ! Deux titres régionaux en 1963 et 1965, une étape de la Route de France en 1963, le Grand Prix de Nice et le Grand Prix d’Eckbolsheim à domicile en 1964, le Grand Prix de Boulogne et Paris-Eu en 1965, sans oublier un retour fracassant sur la Route de France qu’il écrasa de bout en bout, s’adjugeant quatre étapes et le classement général. Et quelles étapes ! La quatrième notamment, longue de 178 kilomètres, avait été disputée dans des conditions dantesques entre Annecy et Sallanches, condamnant soixante-cinq coureurs à l’abandon. Mais le leader, lui, n’avait rien lâché, confortant sa flatteuse réputation. Il partit donc sur le Tour de l’Avenir dans la peau d’un favori… S’était-il trop bien « préparé » ? Ou, pour être plus clair, avait-il avalé trop d’amphétamines à une époque où le dopage était soumis aux libres jeux des consciences, et non aux lois des juristes ? Le sûr est qu’en ce mois de juillet 1965, dix ans après Jean Malléjac et deux ans avant Tom Simpson, on le trouva étendu sur l’asphalte, les bras en croix. 


 Charly Grosskost était solide. Il se retapa, purgea une suspension aussi courte qu’ambigue et entama sa carrière professionnelle chez Peugeot, en mai 1966, avec l’idée qu’il devait tout reprendre à zero. Est-ce un hasard ? Il passa des semaines entières sur les pistes, se sacrant une première fois champion de France de poursuite. Puis champion de France encore l’année suivante après avoir dominé en finale un certain Jacques Anquetil. Et champion de France toujours en 1968, 1969, 1970, et même en 1974, pour sa dernière saison. (Il faut rappeler que l’épreuve n’avait pas été organisée en 1971 et 1972.) Bref, au niveau national, le roi ! Et dans le tournoi mondial un cador ambitieux qui terminerait troisième derrière Porter et Bosisio à Leicester, en 1970, puis deuxième en 1971, à Varèse, moins battu par le Belge Dirk Baert que trahi par ses nerfs. Selon Didier Béoutis, il ne s’en releva jamais… 


Il piétinait, ne parvenant pas à signer un succès digne de lui. Payait-il cette classe un peu folle qu’on admirait depuis ses premiers tours de roues ? Pierre Chany le laissa entendre dans le gotha de La Fabuleuse histoire du cyclisme, « jugeant qu’il manquait sans doute de caractère pour atteindre de plus hauts sommets »[2]. Ce qui n’enlevait rien, au demeurant, à sa qualité d’« athlète complet du cyclisme »[3], capable d’exploits exceptionnels — dans toute l’acception du mot. Ainsi avait-il remporté, en 1968, le prologue du Tour d’Italie, devenant l’un des rares Français à s’habiller en rose. Puis, sur sa lancée, il avait triomphé dans la première étape chronométrée du Tour de France pour endosser le maillot jaune devant Jan Janssen et Raymond Poulidor. Deux coups de maitre, en somme, et d’autant plus retentissants que Charly Grosskost n’avait pas vingt-cinq ans… On imagine déjà les superlatifs quand, le même jour, dans l’après-midi, il se dégagea pour rafler un second bouquet consécutif ! Le déclic, jura-t-on… L’Alsacien ne prolongeait-il pas une remarquable série commencée sur les routes de Paris-Nice (une victoire d’étape), poursuivie à San Remo et en de multiples occasions. Cette saison pleine en appelait beaucoup d’autres… 


Hélas, Charly Grosskost avait donné le meilleur. Et le spécialiste des prologues qu’il incarnait ne put que subir, dans le Tour de France, la loi de ses contemporains, finissant troisième derrière Altig et Merckx en 1969, puis deuxième derrière le seul Merckx en 1970. Et puis, huit jours plus tard,  troisième du contre-la-montre à Forest, afin d’affirmer une nouvelle fois, dans la sacro-sainte « épreuve de vérité » qu’il possédait des jambes hors du commun. D’ailleurs, dans le duel opposant les Bic aux Molteni, Luis Ocaña le tenait pour un équipier indispensable et son principal lieutenant. Un compliment sincère et fondé, mais qui signifiait que le seigneur d’Eckbolsheim avait limité ses propres ambitions. 


En 1975, il jeta le masque, choisissant de repartir chez les amateurs. C’était renoncer définitivement à la gloire sans renoncer au cyclisme ­— toute compte fait, la grande passion de sa vie. 

  

© Christophe Penot

Retrouvez chaque mois la suite de cette série de portraits dans La France Cycliste,
le magazine officiel de la Fédération Française de Cyclisme.

 

Charly Grosskost en bref 

 

Né le 5 mars 1944 à Eckbolsheim. Décédé accidentellement le 19 juin 2004.

Professionnel chez Peugeot (1966 et 1967), Bic (1968 à 1972), Gan-Mercier (1973), Jobo-Lejeune (1974).

Principales victoires : Champion de France de poursuite en 1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1974 ; champion de France d’omnium en 1967 et 1968 ; 1re étape de Paris-Nice 1968 ; prologue du Tour d’Italie 1968 ; 1re étape A et 1re étape B du Tour de France 1968 ; prologue du Tour de l’Oise 1971 et 1972 ; prologue et 4e étape 4 Jours de Dunkerque 1971 ; prologue et 3e étape B de l’Étoile des Espoirs 1972.



[1] In www.memoire-du-cyclisme.eu. 

[2] Pierre Chany, La Fabuleuse histoire du cyclisme, ODIL, 1975, p. 847.

[3] Ibid.



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