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Jean-Claude Leclercq, Champion Vif-Argent

 

Il avait le sens de la course et un authentique talent de puncheur. Dans ses grands jours et dans les bosses, il pouvait lâcher les meilleurs. Portrait de Jean-Claude Leclercq, le plus suisse des champions du cyclisme français...

 

Il est né à Abbeville, le 22 juillet 1962, tandis que Jacques Anquetil remportait un troisième Tour de France. En ce temps-là, son père, salarié d'une entreprise internationale, travaillait dans la Somme, mais une mutation professionnelle allait bientôt l'amener en Suisse alémanique, pays de Kubler et Koblet. Évidemment, la famille entière boucla ses valises ; et c'est ainsi que Jean-Claude Leclercq devint, non pas un gars du nord, un ' Chtimi ' habile aux classiques, mais un enfant des montagnes, puncheur redoutable qui gagnerait une vingtaine d'épreuves en dix ans chez les pros. Car l'essentiel tient à cela : de 1984 à 1993, l'expatrié fut l'une des meilleures montes du cyclisme tricolore ! Sous les couleurs bigarrées de Jean de Gribaldy, puis sous l'aile de Paul Koechli, le célèbre entraineur de Macolin, il réussit des actions sporadiques, mais toujours éblouissantes. La plus fameuse ? Son démarrage victorieux dans le championnat de France, à Chailley, le 23 juin 1985. Autour de lui, pourtant, des routiers confirmés, dont Pensec, Castaing, Marc Madiot, Gomez, Caritoux, Vallet et un certain Bernard Hinault qui, le voyant chercher dans ses poches, lui tendit l'un de ses propres pains d'épices. Inutile de dire que le jeune homme remercia chaudement : c'était le Hinault de 1985, en lice pour son deuxième doublé Giro-Tour ! Puis il s'esquiva, autant pour ne pas déranger l'idole que pour suivre son étoile. Lorsqu'il redescendit sur terre, dans l'avant-dernier tour, Martial Gayant lâchait prise et Ronan Pensec s'essoufflait. Alors, lancé comme une dague, il bondit. Ce fut net, tranchant : tous ses adversaires dégringolèrent de deux bonnes minutes ! On aurait cru Hinault en personne.

L'exploit était réel, mais si inattendu... Leclercq ? Hésitant sur l'écriture exacte de son nom, les observateurs fouillèrent en hâte leurs archives et découvrirent que ce garçon n'avait pas de pareil pour accélérer dans les bosses. D'ailleurs, en Suisse, où il avait contracté ses premières licences, il s'était révélé dans les courses de côte, en ligne et contre-la-montre. D'où l'idée que ce gabarit longiligne (1 mètre 78 pour 66 kilos), aux jambes étonnamment fines, pourrait rejoindre le gotha des grimpeurs... Vrai ? Faux ? Malgré l'effervescence du maillot bleu-blanc-rouge, l'intéressé, la voix douce et trainante, précisa ses limites : ' Je ne serai certainement jamais un grand coureur, mais je ne serai plus jamais un petit coureur. '1 C'était admirablement résumer et admirablement se connaitre. Le fait est que Jean-Claude Leclercq, nourri des cultures suisses, allemandes et françaises, incarnait un athlète rare, différent, intelligent et bien éduqué. Son talent fit le reste.

Mais quel étrange talent ! Pour le peindre, il faudrait imaginer le geste d'un miniaturiste. Parce que de saison en saison, le chevau-léger des équipes Skil, Kas, Toshiba, Weinmann, Helvetia, illumina une sorte de livre d'heures savamment composé de victoires et d'accessits. Concernant ces accessits, notons des deuxièmes places dans la Flèche Wallonne (en 1986 et 1990), le championnat de France (en 1986), Liège-Bastogne-Liège (en 1990), le Tour de Romandie (en 1987), Milan-Turin (en 1990), et citons quelques morceaux choisis : cinquième du Critérium du Dauphiné Libéré en 1986, cinquième puis quatrième du championnat de France en 1988 et 1989, troisième du Critérium International et quatrième de Tirreno-Adriatico en 1990, quatrième aussi du Grand Prix de Francfort en 1991. Pour les victoires, rappelons qu'il s'offrit la peau de Rolf Golz, de Stephen Roche et de Claude Criquiélion dans la Flèche Wallonne, en 1987. Sa méthode ? La même ! C'est-à-dire un éclair vif-argent dans le final, suivi d'une poussée irrésistible dans le terrible ' mur ' de Huy escaladé pour la troisième fois. À la vérité, un chef d'œuvre, que Pierre Chany soulignerait par ces mots : ' Sa valeur athlétique est exceptionnelle ; son approche de la compétition le situe parmi les plus judicieux ; et il ne manque pas de suite dans les idées. '2 Moyennant quoi, exploitant ses bons jours, Jean-Claude Leclercq s'appliqua dans les Ardennes pour signer, en 1990, le ' petit doublé ' que l'on sait : deuxième de la Flèche Wallonne derrière Moreno Argentin, puis deuxième encore, quatre jours après, de Liège-Bastogne-Liège, battu moins par Éric Van Lancker que par la puissante armada du groupe Panasonic.

On le remarquera : également placé dans le Critérium International où il avait porté la tunique de leader, vainqueur en outre de deux étapes dans Tirreno-Adriatico, Jean-Claude Leclercq semblait s'épanouir pleinement en ce début des années quatre-vingt dix - sauf dans les grands Tours, trop longs pour lui (il disputa et termina cinq Tours de France : 56e en 1986, 50e en 1987, 58e en 1988, 68e en 1989, 139e en 1990). Faut-il alors lier le plafonnement qui suivit, perceptible dès 1991, puis son retrait des pelotons, fin 1993, au nombre des saisons ? ou faut-il craindre qu'il n'ait été sorti du jeu par des voyous avides, et d'or et d'EPO ? Lui seul détient la réponse, laquelle pourrait faire rougir, si tant est que les tricheurs rougissent... Quoi qu'il en soit, il est heureux de rendre au Picard de Suisse les honneurs qui lui reviennent. Dans l'histoire du cyclisme, mieux vaut être consacré en 1985 qu'en 1998.

© Christophe Penot

Retrouvez chaque mois la suite de cette série de portraits dans La France Cycliste,
le magazine officiel de la Fédération Française de Cyclisme.


Leclercq en bref

* Né le 22 juillet 1962 à Abbeville.
* Professionnel chez Skil (1984, 1985), Kas (1986), Toshiba (1987), Weinmann (1988), Helvetia (1989 à 1992), Jolly (1993).
Principales victoires : Championnat de France 1985 ; Flèche Wallonne 1987 + une étape du Tour de Suisse en 1986, 1988 et 1991, deux étapes de Tirreno-Adritico en 1990, une étape du Crit. International et du Tour de Romandie en 1991, une étape du Dauphiné en 1992.



1 In l'Équipe du 24 juin 1985.
2 Pierre Chany, L'Année du cyclisme, Calmann-Lévy, 1987, p. 64.



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